En période de campagne politique, deux passions, légitimes et naturelles, animent le peuple au moment du choix : la colère et la peur. Si Jean-Luc Mélenchon s’est servi du premier sentiment, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen rivalisent pour utiliser le second. Il semblerait que la colère suscite des votes de gauche et d’extrême-gauche et que la peur produit du vote de droite et d’extrême-droite.
Quant à François Bayrou, dont le discours sur la dette demeure trop raisonnable, il recule sur la scène électorale. On se rappellera que c’est lorsqu’il avait su en appeler à la colère du peuple (discours du Bourget) que François Hollande grimpait dans les sondages. En poursuivant dans cette voie, il court plus de chances de demeurer parmi les candidats favoris des Français, plutôt que de s’en tenir à un projet strictement rationnel sur fond technocratique
Les grands prédécesseurs des candidats à la présidence française (Mendès, Clémenceau, Blum, Mitterand) n’ont pas hésité à faire appel dans leurs discours patriotiques à la lutte contre l’injustice, à l’exaltation d’un idéal républicain commun ainsi qu’à la dénonciation des privilèges sélectifs accordés à quelques-uns au détriment de la population pour faire passer leurs messages.
Certains observateurs sont d’avis que Nicolas Sarkozy, de son côté, utilise la superficialité des médias ainsi que des réseaux sociaux pour véhiculer ses idées, et qu’il préfère jouer la carte de l’émotion plutôt que de s’engager dans un échange démocratique argumenté. Son récent discours auprès des étudiants en constituerait, prétendent-ils, un bon exemple.
Comme en faisait état, il y a deux jours, le Figaro : « …à l’instar de 2007, la campagne des législatives sera très courte: un bon mois entre le second tour de la présidentielle, le 6 mai, et le premier tour pour le renouvellement des députés, le 10 juin. » Par conséquent, les candidats ne disposent encore que d’un peu de temps pour trouver la meilleure voie pour sensibiliser le peuple français à leurs programmes.